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Je cite:
« [...] Commençons par le commencement, et posons les choses clairement pour les esprits embrumés par la haine des autres : je ne soutiens en aucun cas les agissements de Breivik. Je défends le droit de vivre pour toutes les personnes humaines, et que cette vie soit sans oppression. Ce qu'a fait Anders Breivik est absolument horrible, et il a été condamné pour ça à ce qui se rapproche le plus de la perpétuité en Norvège.
Le procès qu'a gagné Breivik ne remet pas en cause cette condamnation.
Mais c'est quoi, la Justice ? D'où ça vient et à quoi ça sert ? Je vais vraiment grossir le trait pour faire court hein.
Il y a fort fort longtemps, dans un monde tout proche puisque c'est le même que le notre, et pour autant que les éléments matériels nous permettent de juger, était la vengeance, ou plus précisément ce qu'on appelle la justice privée. La justice privée, c'est le droit de se faire justice soi-même : je me sens lésé, je prends les dispositions que je veux pour ne plus me sentir lésé. C'est l'absence d'État de droit, l'arbitraire, où, pour une action donnée on n'a aucune idée de ce qui nous attend : on peut très bien être tué pour avoir volé une pomme. C'est la vengeance : la personne lésée se "soulage" selon ses impulsions ou son bon vouloir. Étonnamment, ça n'aide pas à construire une société, et c'est une des caractéristiques qui permettent de définir les sociétés primitives.
Au bout d'un moment, l'arbitraire, ça n'aide pas. Et comme les sociétés se structurent, avec la grande aide des religions, il faut trouver quelque chose de plus stable. Quelqu'un peut s'occuper du Neuronenmoins qui est en PLS à la seule idée que les religions ont pu être bénéfiques svp, pendant que je continue ? Merci. Cette avancée est connue sous le nom de "Loi du talion", qui sera reprise dans toutes les grandes religions monothéistes mais aussi, et bien avant, dans les cultes polythéistes. Le premier texte qui en parle est le Code de Hammurabi, daté d'environ -1750. C'est dire si c'est ancien, mais ça permet de situer. La Loi du talion apporte une grande avancée en matière pénale à l'époque : la (juste) réciprocité du crime et de la peine ("Œil pour œil, dent pour dent", qui est une citation partielle du Deutéronome). On en va plus tuer pour avoir volé une pomme, on va juste prendre quelque chose qui appartient au voleur comme dédommagement. Et non, pas sa main.
Avec le temps apparaissent ce qu'on appelle les "peines alternatives" : peines d'emprisonnement, amendes, etc. En effet, la Loi du talion à proprement parler ne satisfait pas forcément les victimes, et elle entraine des violences et contre-violences parfois sans fin (vendettas). C'est là que s'établissent les fondements de la justice moderne : comment dédommager les victimes et assurer la paix sociale ?
Car le juge, à partir de ce moment, n'a plus pour seule mission d'arbitrer un litige. Et c'est là que tout se complique.
On s'aperçoit que la justice (en fait, l'acte de juger) est un élément déterminant à long terme, et non plus uniquement sur l'instant. La justice contribue à la paix sociale. Et c'est là qu'on abandonne définitivement l'idée de vengeance.
Il n'est plus uniquement question de réparer un litige, mais aussi d'assurer la cohésion, la cohérence et la paix de la société. En cela, il est aidé par de nombreux codes, qui permettent à chacun de savoir ce qu'il encourt pour quel acte. C'est un art très difficile (et de moins en moins maitrisé, malheureusement) que la proportionnalité des peines : quel crime est plus grave qu'un autre ? Comment le réparer ? Mais aussi comment s'assurer de la cohérence de la politique pénale et donc de la société ?
En définitive, comment faire pour que la paix sociale soit conservée tout en respectant nos valeurs fondamentales et en permettant aux victimes d'être satisfaites ?
C'est une question complexe, ce sont des métiers à part entière, et des institutions plus fragiles que ce qu'on pourrait le penser.
La justice dépasse la vengeance, et je ne fais là qu'aborder la surface de pourquoi c'est important. Et pourquoi tout citoyen doit s'en souvenir et s'y accrocher.
Maintenant que cela est posé, et puisqu'il faudrait que je vive la dramatique expérience de perdre quelqu'un pour changer d'avis, je vais livrer ici quelque chose qui ne fermera pas la grande gueule dégueulasse du Neuronenmoins, mais qui permettra au moins de démontrer à quel point sa haine l'aveugle et à quel point ses conneries sont profondes.
Breivik n'a en effet tué personne de ma famille, aucun de mes amis ou de mes connaissances. Brahim Abdeslam, Chakib Akrouh, Abdelhamid Abaaoud, Foued Mohamed-Aggad, Ismaël Omar Mostefaï et Samy Amimour l'ont fait le 13 Novembre 2015. Deux fois.
Ce n'est pas un hasard si je n'ai pas beaucoup communiqué sur ces attentats à l'époque. C'est parce que, justement, j'étais dans une recherche de vengeance, et pas de justice. Parce que haïr quelqu'un qui te fait du mal, c'est humain, c'est normal. Mais savoir reconnaître que ce n'est pas la justice, que déverser simplement ta haine sur sa gueule n'est pas la justice, c'est nécessaire à la paix sociale.
C'est justement là qu'est toute la difficulté. Mais c'est aussi là qu'est toute la grandeur du principe : accorder le droit de vivre, sans torture, sans oppression, à la personne que tu voudrais pourtant tuer de tes mains. C'est ça qui fait que je peux me regarder dans la glace tous les jours : je ne suis pas comme eux, je défends des valeurs qui sont plus grandes, plus humaines et plus belles que les leurs. Ou que les tiennes, de toute évidence, "Neuronenmoins". Tu vois, ton ""presque"" souhait a été exaucé. Et pourtant, je maintiens ce que j'ai dit : aucune personne, quoi qu'elle ait fait, ne mérite de traitement inhumain [...] ».
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The more horrifying part of the reaction to the Paris terrorist attacks, however, is that some Arabs and Lebanese were more saddened by what was taking place there than what took place yesterday or the day before in their own backyards. Even among my people, there is a sense that we are not as important, that our lives are not as worthy and that, even as little as it may be, we do not deserve to have our dead collectively mourned and prayed for.
It makes sense, perhaps, in the grand sense of a Lebanese population that’s more likely to visit Paris than Dahyeh to care more about the former than about the latter, but many of the people I know who are utterly devastated by the Parisian mayhem couldn’t give a rat’s ass about what took place at a location 15 minutes away from where they lived, to people they probably encountered one day as they walked down familiar streets.
We can ask for the world to think Beirut is as important as Paris, or for Facebook to add a “safety check” button for us to use daily, or for people to care about us. But the truth of the matter is, we are a people that doesn’t care about itself to begin. We call it habituation, but it’s really not. We call it the new normal, but if this normality then let it go to hell.
In the world that doesn’t care about Arab lives, Arabs lead the front lines.
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En vrac, des causes probables que l'on retrouve dans l'article et dans les commentaires:
1) loi de proximité (diplomatique, historique, économique, culturelle) https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_proximit%C3%A9
2) inégalités dans la médiatisation, lié à 1)
3) rapport à la mort différent
Et ce qu'il dit là, il n'est pas le seul à l'affirmer:
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ISIS plans for Islamophobic backlashes so it can use the backlash to point its hellish finger and tell any susceptible mind that listens: look, they hate you.
""" Edit: stratégie qui existe et qui a été écrite du temps de Al-Qaeda