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Dimanche matin, un enfant de six ans s’est fait happer par une camionnette sortant d’une ruelle alors qu’il jouait sur le trottoir à vélo. L’impact laisse le jeune garçon entre la vie et la mort. La réaction du Service de police de la Ville de Montréal ? S’empresser de déclarer que l’enfant victime de « l’accident ne portait pas de casque » — une information que les médias ont relayée sans discernement.
Faut-il rappeler que, lors de collisions entre un véhicule en acier et un être humain de chair et d’os, à pied ou à vélo, c’est ce dernier qui risque de perdre la vie ? Que ce soit un enfant qui joue sur le trottoir ou un adulte qui se rend au travail, dans bien des cas, le casque n’aurait rien changé à l’issue tragique de la collision tant les deux parties sont de taille inégale. Le casque a déjà sauvé des vies, ce fait est incontestable. Cependant, déjà en 2013, le coroner Jean Brochu soulignait que le casque n’est utile qu’après l’impact et insistait pour que les efforts soient concentrés en amont afin d’éviter les collisions.
Mentionner le casque dans cette circonstance revient à dire que l’enfant avait tort ou, du moins, que la victime n’a pas été assez prudente. Dire qu’il s’agit d’un accident implique que la collision ne pouvait être évitée. Dans une société qui refuse de remettre en question la place qu’elle accorde à l’automobile, le casque est loin d’être une solution miracle. Les changements dans les pratiques nécessitent davantage de leadership que de proposer une solution simpliste à un problème criant. À défaut d’une volonté politique sincère, faudra-t-il se munir de vestes réfléchissantes par-dessus un équipement de hockey complet chaque fois que nous oserons poser le pied à l’extérieur de chez nous ?
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Excellent texte à lire en entier.